Cuisson du 6 décembre 2024. 4h30 – 14h45 1271°C
Surprise à l’ouverture du four le 7… Mon émail au cuivre et à la cendre de vigne, d’ordinaire vert pâle, est aussi rouge, lie de vin par endroits.
Le cuivre est vert en cuisson oxydante, rouge sang en cuisson réductrice. Il fait partie des quelques oxydes qui changent du tout au tout en fonction de l’atmosphère de cuisson. Je n’avais jamais
vraiment osé tenter une cuisson réductrice, je me disais que les rouges de cuivre, les céladons, c’était comme la porcelaine, je me disais que j’en ferai quand je serai grande…
Mais j’ai fini cette cuisson de jour, ce qui n’est jamais le cas. Je les fini d’habitude tard le soir, avec très peu de lumière, les yeux rivés sur le pyromètre, m’endormant ensuite en conservant
sur la rétine ses chiffres rouges et lumineux.
La nuit on voit très bien la belle flamme verte qui sort du four, et indique une cuisson réductrice. C’est beau la flamme d’une réduction, ça ressemble à une aurore boréale. D’habitude je
parviens à la maitriser, à la limiter par un apport d’oxygène un peu empirique. Mais là, j’ai commencé à 4h30 du matin, et terminé vers 14h45, en plein jour, je la distinguais mal cette aurore,
j’ai réduit bien plus que je ne le pensais…
Je ne m’attendais absolument pas à ce rouge en ouvrant le four… Les pots montrent d’importants courants réducteurs, qui se sont parfois partagé entre les pièces, formant une tâche rouge qui relie
deux pots. Le cuivre est volatile et voyage d’une surface à l’autre, se figeant ensuite au refroidissement. Ces surprises font partie de la magie de ce métier. Et donnent envie d’explorer
l’infini des possibles, de créer, et cuire encore et encore…